Etudiante à Nanterre, Sandra milite depuis quatre ans à la CNT (Confédération nationale du travail). Un mouvement anarchiste qui s'est renforcé depuis les manifs de décembre. Portrait d'une étudiante avant tout militante.
Au 33 rue des Vignolles, les militants de la CNT de Nanterre se retrouvent. L'ambiance est franchement conviviale. Des commissions se réunissent où l'on parle aussi bien de la révolte du Chiapas au Mexique que des grèves en France.
A 25 ans Sandra, étudiante en maîtrise d'histoire, ne se verrait dans aucun autre mouvement. "J'apprécie le fonctionnement de la CNT. Nous, on n'a pas de chefs, pas de président, pas de membres permanents salariés, dit Sandra. Presque toutes les décisions sont prises en assemblée générale. A la LCR, ils sont du genre dogmatique. Quant à l'UNEF et l'UNEF-ID, ce sont des passerelles pour le PC et le PS".
C'est à partir du "mouvement Jospin" en 1992 que cette étudiante brune aux yeux noirs a commencé à militer à la CNT, chez les anarcho-syndicalistes. "Avant, j'ai passé trois ans en médecine à Necker. Trois ans pendant lesquels je n'ai pas pu m'engager, confie Sandra. En médecine, les gens ne sont pas très mobilisés. Puis en 1992, je suis entrée à Nanterre".
Depuis, Sandra mène la vie d'étudiante militante qu'elle a toujours souhaitée. Son sujet de maîtrise ? James Guillaume, un militant suisse de la 1ère internationale. "J'ai choisi l'histoire pour étudier le mouvement libertaire et ouvrier" explique-t-elle.
Habillée tout en noir comme beaucoup de ses camarades, cette militante de tous les jours aime raconter ses luttes "Cette année, à Nanterre, nous avons réussi à faire prolonger de six mois les contrats d'employés à statut précaire." Mais pour cette Parisienne, la lutte ne s'arrête pas là. "J'habite dans le 18e à côté d'une clinique, raconte Sandra, et j'ai remarqué que chaque semaine des commandos anti-IVG venaient manifester. Depuis, on a organisé des contre-manifs. On leur a balancé des oeufs. Ils étaient tous très stoïques. Moi, à leur place, j'aurais rapidement réagi".
Sandra n'est vraiment pas une adepte de Marc Aurèle et du stoïcisme. "Un projet politique, c'est une forme de vie, dit-elle. Il faut lutter chaque jour, car la révolution, c'est pas pour demain!"
Cécile Baquey
La CNT dispose d'un serveur depuis un an.
On y trouve des informations sur leurs activités et sur la guerre d'Espagne avec photos et affiches.
Grâce à leur connection sur internet , les anarcho-syndicalistes sont entrés en contact avec l'EZLN (armée zapatiste de libération nationale) du commandant Marcos. Depuis, ils entretiennent des relations suivies et éditent un bulletin sur l'évolution du conflit du Chiapas au Maxique.